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  • Conférence Serge Morand Biodiversité et Pandémies mardi 13 juin 2023 19h00 Sénéchal

    Après la pandémie de covid-19 : biodiversité et une seule santé Conférence AssoSciences 13 juin 2023 19h00 Salle du Sénéchal 17 rue de Rémusat 31000 Toulouse entrée gratuite L'émergence d'un nouveau virus et la pandémie de COVID-19 s’inscrivent dans une longue série d'évènements épidémiques. Les causes sont connues et de mieux en mieux documentées. Après avoir présenté l'état des connaissances, nous aborderons les solutions pour prévenir l'émergence et la transmission des maladies infectieuses. Les initiatives sont nombreuses tant aux échelles globales qu'aux échelles des territoires. Serge Morand est chercheur au CNRS à l’unité MIVEGEC (IRD – CNRS – Université de Montpellier), basé à la Faculté de Technologie Vétérinaire de l’Université Kasetsart et Professeur invité à la Faculté de Médecine Tropicale de l’Université Mahidol. Il a été Directeur de Recherche détaché à l’IRD de 2003 à 2007 et mis à disposition au Cirad de 2014 à 2021. Écologue évolutionniste et parasitologue de formation, il mène des recherches en social-écologie de la santé en Asie du Sud-Est sur les liens entre biodiversité, changements globaux et santé dans une approche One Health - Planetary Health. Entre 2008 et 2022, Serge Morand a organisé de nombreuses missions de terrain en Thaïlande, Cambodge, Laos, Philippines et Vietnam, acquérant une solide expertise dans le travail de terrain en collaboration avec les communautés et les administrations locales. Serge Morand est Expert pour la Thailand International Cooperation Agency - TICA et coordonne le projet « Innovative Animal Health » qui associe Vanina Guernier et Nicolas Lainé de l’IRD ainsi que Michel de Garine-Vichatitsky du CIRAD. Il est également membre du panel d’experts One Health (One Health High Level Expert Panel - OHHLEP) de la Quadripartite One Health (OMS – OMSA – FAO – PNUE).

  • Serge Morand Biodiversité et Pandémies mardi 13 juin 2023 19h00 Sénéchal

    Serge Morand est chercheur au CNRS à l’unité MIVEGEC (IRD – CNRS – Université de Montpellier), basé à la Faculté de Technologie Vétérinaire de l’Université Kasetsart et Professeur invité à la Faculté de Médecine Tropicale de l’Université Mahidol. Il a été Directeur de Recherche détaché à l’IRD de 2003 à 2007 et mis à disposition au Cirad de 2014 à 2021. Écologue évolutionniste et parasitologue de formation, il mène des recherches en social-écologie de la santé en Asie du Sud-Est sur les liens entre biodiversité, changements globaux et santé dans une approche One Health - Planetary Health. Entre 2008 et 2022, Serge Morand a organisé de nombreuses missions de terrain en Thaïlande, Cambodge, Laos, Philippines et Vietnam, acquérant une solide expertise dans le travail de terrain en collaboration avec les communautés et les administrations locales. Serge Morand est Expert pour la Thailand International Cooperation Agency - TICA et coordonne le projet « Innovative Animal Health » qui associe Vanina Guernier et Nicolas Lainé de l’IRD ainsi que Michel de Garine-Vichatitsky du CIRAD. Il est également membre du panel d’experts One Health (One Health High Level Expert Panel - OHHLEP) de la Quadripartite One Health (OMS – OMSA – FAO – PNUE). Après la pandémie de covid-19 : biodiversité et une seule santé L'émergence d'un nouveau virus et la pandémie de COVID-19 s’inscrivent dans une longue série d'évènements épidémiques.  Les causes sont connues et de mieux en mieux documentées. Après avoir présenté l'état des connaissances, nous aborderons les solutions pour prévenir l'émergence et la transmission des maladies infectieuses. Les initiatives sont nombreuses tant aux échelles globales qu'aux échelles des territoires.

  • Etienne-Emile Baulieu, inventeur de la pilule abortive : « J’ai toujours voulu aider les femmes »

    Propos recueillis par Annick Cojean © Le Monde 7 mai 2023 ENTRETIEN « Je ne serais pas arrivé là si… » Chaque semaine, « Le Monde » interroge une personnalité sur un moment décisif de son existence. A 96 ans, le médecin chercheur revient sur les origines de ses combats pour la liberté sexuelle des femmes. Né en 1926, le professeur Etienne-Emile Baulieu est un pionnier de la recherche hormonale et l’inventeur de la pilule abortive RU 486, utilisée dans le monde par des dizaines de millions de femmes et que plusieurs Etats américains tentent d’interdire. Membre de l’Académie des sciences, en France et aux Etats-Unis, couronné de nombreux prix, ce médecin chercheur, toujours attentif à la cause des femmes, continue de se rendre chaque jour à son laboratoire du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), avec une soif de découverte intacte. Je ne serais pas arrivé là si… Si je n’étais pas le fils d’un médecin remarquable, Léon Blum, un juif alsacien né sous l’occupation allemande, bien avant la guerre de 14-18, et d’une femme indépendante et féministe, Thérèse Lion, avocate et merveilleuse pianiste, qui parlait parfaitement anglais, avait fréquenté les suffragettes à Londres, avant de se consacrer à l’éducation de ses enfants. A vrai dire, j’ai peu connu mon père, puisqu’il est mort en 1930, lorsque j’avais 3 ans. J’ai donc été élevé dans un environnement exclusivement féminin (mère, grand-mère, sœurs) au sein duquel je me sentais très bien, car j’aime profondément les femmes. J’ai toujours eu envie de les soutenir et de les aider. Mais la réputation de mon père, homme de sciences et humaniste, m’obligeait également. Je voulais être digne de cette famille. On y vénérait le travail, la science, la patrie. On y dédaignait la soif d’enrichissement personnel et les honneurs. Je dirais que j’ai été bien élevé. Votre père était médecin et vous avez choisi la médecine. Cela ne peut être un hasard… J’ai pourtant eu cette impression parce qu’après la guerre, bon élève mais indécis sur mon avenir, j’ai simplement suivi en fac de médecine un camarade qui avait fait ce choix. Mais que sait-on des ressorts inconscients ? Ma mère ne souhaitait pas que je devienne médecin. Comme si c’était une profession… mortelle ! Elle n’avait été mariée que quatre ans avec mon père et attribuait sa mort soudaine à son métier. C’était un grand spécialiste du rein, l’un des tout premiers à utiliser l’insuline pour traiter le diabète. Il était courageux. Mobilisé dans l’armée allemande en 1914, il avait inventé un stratagème incroyable pour renseigner les Alliés : sous prétexte de suivre l’évolution de leur cas, il demandait aux officiers allemands qu’il soignait de lui envoyer chaque semaine un échantillon de leurs urines ! Grâce aux tampons de La Poste, il pouvait ainsi reconstituer les mouvements de leurs régiments et les transmettre aux services français et britanniques. N’a-t-il jamais été pris ? Si ! En 1916. Et il a dû passer les lignes allemandes à Verdun pour rejoindre les Français. Le maréchal Pétain l’a alors décoré de la Légion d’honneur. Par la suite, il est devenu un professeur célèbre de la faculté de médecine de Strasbourg. Est-ce dans cette ville que vous avez été élevé ? Non. A la mort de mon père, ma mère, enceinte de ma plus jeune sœur, a voulu rentrer à Paris avec ses enfants. La famille paternelle souhaitait nous garder près d’elle en Alsace, ma mère a refusé cette emprise et a coupé tout lien. Ses trois enfants ont été sa priorité absolue. Plus un homme n’a franchi le seuil de notre maison. S’appeler Blum exposait à un grand péril en 1940. Où avez-vous passé la seconde guerre mondiale ? Nous avons quitté Paris pour la zone libre et nous nous sommes installés à Grenoble, où j’ai été élève au lycée Champollion. C’est là, en 1942, que j’ai adhéré au Front patriotique de la jeunesse, une organisation satellite des jeunesses communistes clandestines, reliée aux Francs-tireurs et partisans, le mouvement de résistance. Vous n’aviez que 15 ans ! Et alors ? La nuit, je pouvais participer à des tas d’actions : écrire et distribuer des tracts, casser les vitres de la Milice, saboter le départ des trains partant en Allemagne. Ma mère n’en savait rien. Mais, un jour de 1943, alors que j’avais rendez-vous dans un café de la place Grenette, j’ai vu entrer des messieurs de la Gestapo. J’avais été dénoncé. J’ai eu le temps de m’enfuir par la porte de derrière, et j’ai compris instantanément qu’il fallait quitter Grenoble. Des résistants nous ont procuré, à moi, à ma mère et à mes sœurs, de fausses cartes d’identité. C’est ainsi que la famille Blum est devenue la famille Baulieu… Baulieu « bau », et non « beau », que je trouvais prétentieux ! Etienne est devenu Emile. Je me suis vieilli d’un an pour avoir droit à une carte de tabac, et j’ai choisi de naître à Arras, puisque la mairie de cette ville avait brûlé en 1940 et qu’il était donc impossible de vérifier l’authenticité de l’extrait de naissance. La famille s’est installée à Annecy et j’ai partagé mon temps entre le lycée et le maquis. J’ai quand même réussi à passer mes deux bacs avant d’être enrôlé, juste après la libération d’Annecy, dans une unité régulière de l’armée française, avec [le général Jean] de Lattre de Tassigny. Puis ce fut la fac, à Paris. Médecine et sciences. Les deux. La chimie m’a toujours passionné. Tout en militant au Parti communiste ? Eh bien oui. J’avais lu Marx, j’étais idéaliste. J’avais côtoyé dans la Résistance beaucoup de camarades communistes, et j’avais soif de participer à une nouvelle phase de la civilisation mondiale. Mais mes études et ma famille – je me suis marié à 20 ans – sont vite devenues ma priorité, même si mon attachement au PCF – et mon aveuglement – ont duré longtemps. Je me souviens encore de mon émotion le jour de la mort de Staline, le 5 mars 1953. Je suis rentré dans l’amphithéâtre de [l’hôpital] Bichat, où mon patron donnait un cours, et j’ai crié : « Debout ! Staline est mort ! » Et tout le monde s’est levé. J’étais ignorant, alors, des crimes du régime… Il faudra l’invasion de la Hongrie par l’URSS en 1956 pour que je rompe définitivement. Pourquoi ne pas avoir repris votre nom de naissance, Blum, après la guerre ? Pour l’inscription à la fac, en octobre 1944, on m’a dit que c’était plus simple de garder le nom de Baulieu. Je pensais que ce serait temporaire, et puis je m’y suis habitué. Tous mes copains d’adolescence me connaissaient sous ce nom. Pourquoi changer ? D’autant que je redoutais, m’appelant Blum, l’antisémitisme au sein du PCF. Baulieu évitait le problème. Et comme j’étais athée, je ne ressentais pas le besoin d’exposer mon judaïsme. Enfin, j’étais content de ne pas apparaître comme « un fils de », puisque mon père était renommé dans le milieu médical. Etre inconnu m’allait très bien. Comment ce métier, choisi presque « par hasard », est-il devenu une passion ? Parce que j’ai tout de suite associé médecine et recherche. Parce que la joie de soigner a vite été supplantée par la soif d’inventer ce qui permettrait de soigner encore mieux. Parce que chercher, explorer, découvrir, faire avancer la connaissance est devenu une obsession, je dirais même mon oxygène. Et parce que, sur mon chemin, j’ai rencontré des hommes exceptionnels qui ont été des maîtres, voire des pères de substitution. Le premier, que je désigne parfois comme l’homme de ma vie, était Max-Fernand Jayle, un professeur de biochimie fascinant, doté d’une voix magnifique, et devenu aveugle après une expérience en laboratoire. Il m’a quasiment adopté, incité à poursuivre mon internat de médecine, envoyé à Londres apprendre la chromatographie, une méthode sophistiquée pour analyser les hormones, que lui-même ne pouvait utiliser puisqu’elle est fondée sur les couleurs. C’est grâce à lui que j’ai acquis cette double formation, clinique et recherche, et que j’ai commencé à travailler sur les hormones sexuelles. Quand avez-vous rencontré Gregory Pincus, l’inventeur de la pilule contraceptive ? En 1961, à sa demande, alors que j’étais invité aux Etats-Unis par un autre grand biochimiste, Seymour Lieberman, après ma découverte de la sécrétion du sulfate de la DHEA [déhydroépiandrostérone, une hormone stéroïde naturellement produite par l’organisme]. Mon passé communiste avait retardé mon voyage, et il a fallu l’élection de Kennedy et plusieurs pétitions universitaires pour que j’obtienne un visa. Mais quelle rencontre ! Gregory Pincus aurait mérité le prix Nobel tant il a fait pour les femmes, et donc pour l’humanité. J’ai d’ailleurs souhaité que mon laboratoire au Kremlin-Bicêtre porte son nom – c’est le seul au monde à perpétuer son souvenir –, car sa découverte reste pour moi un événement majeur dans l’histoire de l’humanité. En déconnectant l’acte sexuel de l’acte de reproduire, il a émancipé les femmes et leur a donné un pouvoir nouveau, le plus fondamental. C’était bel et bien une révolution. Alors, évidemment, les hommes se sont sentis dépossédés de leur prédominance patriarcale. Que n’a-t-on entendu, d’abord aux Etats-Unis, où la pilule a été commercialisée dès 1960, puis en France, où il a fallu attendre 1967 pour que la loi Neuwirth l’autorise enfin ! J’avais été nommé, après la réélection de De Gaulle, dans une commission de treize « sages » chargés de donner un avis. Le cancérologue disait : « Il n’est pas exclu qu’elle donne le cancer. » Le gastro-entérologue disait : « Elle est mauvaise pour le foie. » Le psychiatre prétendait que les maris deviendraient fous. Moi, j’étais résolument pour et j’ai tout fait pour les convaincre de ses bienfaits. La pilule s’est pourtant révélée insuffisante pour résoudre le contrôle de la fertilité… Une femme mourait toutes les trois minutes d’avortement mal pratiqué. Comment ne pas vouloir cesser ce carnage et leur venir en aide ? Un voyage en Inde, en 1970, a été pour moi déterminant. Ou, plus précisément, une scène dont je me souviendrai toute ma vie, sur le pont de Calcutta où mendiaient des dizaines de femmes entourées de grappes d’enfants. L’une d’entre elles s’est avancée droit vers moi, attirant mon regard vers son bras replié, où gisait un bébé mort, tandis qu’un enfant s’agitait à l’extrémité de son autre bras. La fatalité de cette extrême misère m’a bouleversé. Et j’ai décidé de m’attaquer prioritairement à ce problème des grossesses subies. A mettre au point une autre méthode qui soulagerait la vie des femmes. J’en ai parlé à Indira Gandhi [première ministre de l’Inde de 1966 à 1977, puis de 1980 à sa mort, en 1984]. En tout cas, ce fut un moment fondateur. Un instant qui donnait du sens à ma vie de médecin qui fait de la science. Et ce fut l’aventure de la pilule dite « abortive », le RU 486… Oui, découverte avec l’aide du laboratoire Roussel-Uclaf, dont j’avais refusé d’être directeur pour garder ma liberté, mais dont j’étais conseiller. Un antiprogestérone permettant d’interrompre la grossesse une fois la fécondation faite et évitant aux femmes une chirurgie invasive. Mais, là encore, que de polémiques, de mensonges… et de violences ! J’ai été attaqué par les provie avec une fureur stupéfiante, accueilli aux Etats-Unis par des pancartes proclamant « Baulieu = Mengele » [en référence au médecin allemand nazi Josef Mengele], tandis qu’en France, le professeur Jérôme Lejeune, adversaire de l’avortement, m’a accusé d’avoir inventé un « pesticide humain » qui ferait plus de morts que « Hitler, Mao et Staline réunis ». Toutes ces pressions ont intimidé le laboratoire qui a renoncé, en 1988, à la mise sur le marché qu’il venait pourtant d’obtenir. J’étais outré. Les pouvoirs publics avaient-ils leur mot à dire ? Heureusement ! Claude Evin, le ministre de la santé [1988-1991], a même provoqué un coup de théâtre : « Le RU 486 est la propriété morale des femmes », a-t-il déclaré. Et il a mis en demeure le laboratoire d’en reprendre la distribution ou d’en transférer la licence à une autre société. C’était un acte politique, au meilleur sens du terme. Et Roussel-Uclaf s’est résolu à assumer son produit et à le commercialiser. Des millions de femmes l’utilisent aujourd’hui… Et cela, malgré les menaces qui persistent ou ressurgissent, hélas, dans de nombreux pays. Après cette découverte, qui fut aussi un combat, vers quels sujets vous êtes-vous dirigé ? J’ai repris mes travaux sur la DHEA et son action contre le vieillissement. Et puis j’ai travaillé sur la dépression, la maladie la plus fréquente au monde, sur laquelle rien n’a été inventé depuis les années 1990. J’ai mis au point un composé nouveau, dérivé d’un neurostéroïde, et j’attends les résultats d’un essai clinique, actuellement en cours, dont les premiers résultats sont très positifs. La psychiatrie me passionne ! Enfin, je poursuis avec énergie une voie originale et prometteuse pour traiter la maladie d’Alzheimer. C’est essentiel. A 96 ans, quel ressort vous propulse chaque matin vers votre laboratoire ? J’espère chaque jour découvrir des choses nouvelles, importantes pour l’humanité… et pour moi ! Quelles sont les choses de la vie qui vous réjouissent le plus ? J’ai la grande chance d’aimer. N’éprouvez-vous pas de la frustration, au terme d’une vie de recherches, à n’avoir pu percer le mystère de la vie et de sa finitude ? Je n’ai pas très envie de critiquer Dieu. Annick Cojean © Le Monde 7 mai 2023

  • L’acceptabilité des restrictions liées à la lutte contre la covid-19 16 mai 2023 19h00

    Conférence AssoSciences 16 mai 2023 19h00 Salle du Sénéchal 17 rue de Rémusat 31000 Toulouse entrée gratuite L’acceptabilité des restrictions liées à la lutte contre la covid-19 Premiers résultats d’une étude dans un quartier populaire de Toulouse Alexandra Soulier Philosophe Chargée de recherche CNRS Alexandra Soulier est chargée de recherches à l’Institut d’Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques (Université Panthéon-Sorbonne et CNRS). Ses recherches s’inscrivent dans le champ de la philosophie de la médecine et portent principalement sur la santé publique. Elles se situent à l’articulation de la philosophie sociale et de la philosophie des sciences. Elle s’intéresse en particulier aux inégalités environnementales et sociales de santé  et au rôle des sciences humaines et sociales dans les paradigmes actuels qui s’efforcent de penser la santé à l’interface entre celle des animaux, des hommes et de leur environnement. Elle exerce actuellement une mission à l’Institut de Recherche en Santé Publique pour l’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS. Sa conférence portera sur un aspect de la récente pandémie qui nous a tous interrogés, au travers de résultats récents dans le cadre d’une recherche menée dans un quartier de Toulouse dont elle propose le résumé suivant. Le gouvernement d’exception (Champeil-Desplats, 2020 ; Fassin et al., 2020), qui débute   avec l’entrée en vigueur de l’état d’urgence sanitaire et de la loi n° 2020-290 du 23 mars 2020 pour répondre à l’épidémie de Covid-19, a autorisé la mise en place de mesures exceptionnelles sur l’ensemble du territoire français. En raison du primat accordé aux enjeux sanitaires, des limitations sans précédent ont ainsi restreint l’exercice des droits et des libertés (Leterre, 2021) et ont donné lieu à une activité accrue des forces de l’ordre pendant la crise sanitaire, notamment dans les quartiers populaires, devenus l’archétype de l’espace « à policer » (Bony, Froment-Meurice et Lecoquierre, 2021). En raison de leur rupture radicale avec le cours quotidien de la vie et leur force contraignante, ces mesures restrictives questionnent l’adhésion des personnes. Les mesures sanitaires présentées par le gouvernement comme des mesures « universelles », se sont concrétisées dans des situations spécifiques, en fonction des conditions de vie des personnes. En enquêtant à l’échelle d’un « territoire » urbain, nous avons cherché à étudier au plus près la manière dont des politiques sanitaires nationales ont rencontré des dynamiques locales préexistantes ou des initiatives visant à améliorer la couverture vaccinale de certaines catégories de population (Demailly, 2014; Gross, 2020). Cette conférence reviendra sur les premiers résultats d’une recherche basée sur une méthodologie qualitative, de type monographique, menée dans un quartier populaire de la ville de Toulouse. Cette approche monographique suppose l’étude minutieuse des pratiques de différents acteurs et de leurs interactions, en les situant dans un espace et un temps spécifiques. Cette enquête, commencée en octobre 2022, s’appuie sur des entretiens semi-directifs menés auprès des habitant.e.s et des acteurs « de proximité » de ce quartier classé « quartier prioritaire de la Politique de la Ville ». Ce travail a été réalisé en collaboration avec Laurence Boulaghaf et Alfonsina Faya-Robles.

  • Prochaine Conférence AssoSciences mardi 16 mai 2023 19h00

    L’acceptabilité des restrictions liées à la lutte contre la covid-19 Premiers résultats d’une étude dans un quartier populaire de Toulouse Alexandra Soulier Philosophe Chargée de recherche CNRS Salle du Sénéchal 17 rue de Rémusat 31000 Toulouse entrée gratuite

  • L'intelligence des abeilles : révolution et perspective Aurore Avarguès-Weber jeudi 13 avril 19h00

    « L'intelligence des abeilles : révolution et perspectives » Docteur Aurore Avarguès-Weber chercheuse en neurosciences cognitives et éthologue au Centre de recherche sur la cognition animale de Toulouse, étudie l’intelligence des abeilles et montre qu’elles peuvent « compter jusqu’à cinq ». Docteur Aurore Avarguès-Weber Centre de Recherches sur la Cognition Animale (CNRS, Université Toulouse 3) 118 Route de Narbonne 31062 Toulouse Cedex 9 Université Toulouse-III-Paul-Sabatier ‎ (doctorat) (jusqu'en 2010) Queen Mary University of London École normale supérieure Paris-Saclay Neurobiologiste Éthologue conférence jeudi 13 avril 2023 19h00 Salle du Sénéchal 17 rue de Rémusa t31000 Toulouse Entrée gratuite Les abeilles sont des animaux fascinants. Elles sont connues pour leur intelligence collective : communication symbolique, organisation du travail, construction optimale… mais difficile d’imaginer que chaque ouvrière de la ruche soit elle-même douée d’une forme élaborée d’intelligence, et ce, malgré un cerveau minuscule et une durée de vie de quelques semaines uniquement. Or, les abeilles s'avèrent bel et bien capables non seulement d’apprendre mais aussi de compter, de classer des objets, de reconnaître des visages humains, de juger de leurs propres capacités de réussite face à un exercice difficile ou encore d’éprouver une certaine forme d’émotion, entre autres exemples de découvertes récentes. Ces preuves de capacités de raisonnement remettent en cause le dogme du caractère inné et réflexe des comportements des insectes ainsi que le lien direct entre intelligence et taille du cerveau. Lors de cette conférence, je vous présenterais quelques-unes des capacités étonnantes de ces insectes pollinisateurs, tout en décrivant les méthodes d'études permettant d'entrouvrir le voile sur l'intelligence des abeilles et discuterai de l'impact scientifique, philosophique et écologique de ces découvertes. Aurore Avarguès-Weber, née en 1983 à Givry en Saône-et-Loire, est une chercheuse en neurosciences cognitives et éthologue française qui étudie le comportement des abeilles au Centre de recherche sur la cognition animale de Toulouse. Elle est lauréate du prix L'Oréal-Unesco pour les femmes et la science, ainsi que de la médaille de bronze du CNRS.​ Elle est originaire de Givry, en Saône-et-Loire, et effectue ses études secondaires à Chalon-sur-Saône.​ Elle intègre ensuite l'École normale supérieure de Cachan (Val-de-Marne). En 2010, elle soutient une thèse sur l'intelligence visuelle des abeilles sous la direction de Martin Giurfa (CRCA – Toulouse), intitulée « Cognition visuelle chez l'abeille Apis mellifera : catégorisation par extraction de configurations spatiales et de concepts relationnels ». ​Elle poursuit sa formation à la Queen Mary Universityà Londres (Royaume-Uni), où elle est boursière de la Fondation Fyssen, et à Gif-sur-Yvette sous la direction de Jean-Chrisophe Sandoz.​Aurore Avarguès-Weber est biologiste au CNRS à l'Institut des sciences du cerveau, de la cognition et du comportement de Toulouse (ISC3T). Ses travaux de neurosciences cognitives portent sur l'intelligence des insectes sociaux principalement l'Abeille domestique mais aussi les bourdons, les guêpes et les frelons. Ils se situent dans la continuité des découvertes de l'éthologue allemand Karl von Frisch du milieu du XXe siècle, précurseur de la compréhension du comportement des abeilles. Elle démontre avec ses collègues les capacités d'abstraction de ces animaux notamment la catégorisation de leur environnement (un arbre, une fleur) et les relations des éléments entre eux (plus grand, au-dessus). Elle démontre également avec une équipe australienne que les abeilles sont capables de compter jusqu'à 5, de faire des additions et des soustractions basiques et de comprendre le concept du zéro à l'instar des primates.​ En 2015, elle a reçu une bourse internationale du talent émergent, l'un des prix L'Oréal-UNESCO pour les femmes dans la science pour sa recherche sur les mécanismes cérébraux de l'intelligence visuelle des insectes sociaux. La bourse, d'un montant de 20 000 €, doit permettre l’acquisition d’un simulateur de vol pour les abeilles. Finalement, cet outil auto-construit devient un simulateur de marche où l'abeille se déplace sur une balle en polystyrène roulant sur un flux d'air dans un environnement virtuel. Il permet ainsi de mesurer les mécanismes cognitifs du cerveau de l'abeille lors de ses prises de décision.​ En 2019, elle est lauréate de la médaille de bronze du CNRS.

  • La Place du médicament dans notre société Agnès Sommet 15 mars 2023 19h00 Salle du Sénéchal

    Agnès Sommet Professeure de Pharmacologie à la faculté de Médecine, chef du service de Pharmacologie Médicale et Clinique du CHU de Toulouse. Membre de l’équipe SPHERE (Santé périnatale, pédiatrique et des adolescents : approche épidémiologique et évaluative) dans l’axe « Médicaments, grossesse et allaitement », CERPOP, UMR 1295 Nous sommes (presque) tous concernés, à un moment ou un autre de notre vie, par le médicament. Il a une place importante dans la médecine conventionnelle moderne, du fait de ses actions thérapeutiques attendues. Cette importance justifie de se demander ce qui fait qu’une substance peut devenir médicament. L’identification du mécanisme d’action d’une substance dans l’organisme peut permettre d’en comprendre les effets sur une fonction physiologique ou un organe. Est-ce suffisant pour être efficace ? Comment évaluer cette efficacité ? Si on identifie une substance qui produit des effets sur l’organisme, certains effets pourront être bénéfiques dans certaines situations ou pathologies, d’autres au contraire indésirables. Les effets indésirables des médicaments s’évaluent-ils de la même façon que leur efficacité ? Ces questions portant sur la mise sur le marché et l’évaluation des médicaments seront traitées à l’aide d’exemples au cours de cette présentation, qui montrera que le médicament n’est pas uniquement un produit de santé, mais aussi un objet industriel et un support de représentations.

  • « Bruno Latour nous invite à penser la transformation,… »

    « Bruno Latour nous invite à penser la transformation, loin d’une écologie nourrie d’une vision apocalyptique » TRIBUNE Jérôme Gaillardet professeur de sciences de la Terre à l’Institut de physique du Globe de Paris. Camille Mazé chargée de recherche en science politique au CNRS au laboratoire Littoral Environnement Sociétés (Lienss, CNRS/La Rochelle Université) Olivier Ragueneau biogéochimiste marin, directeur de recherche au CNRS au laboratoire des Sciences de l’environnement marin (Lemar, UBO/CNRS/IRD/Ifremer) Dans une tribune au « Monde », les chercheurs Jérôme Gaillardet, Camille Mazé et Olivier Ragueneau voient dans l’œuvre du sociologue disparu Bruno Latour un dépassement des clivages entre sciences sociales et sciences de la nature, ou encore entre sociologie politique et analyse des interactions du vivant. Le 19 octobre 2022 © Le Monde En 2020, le sociologue des sciences Bruno Latour voyait dans la crise du Covid-19 une occasion de se préparer à la mutation climatique, annonçant dans une tribune au Monde intitulée « La crise sanitaire incite à se préparer à la mutation climatique » (Le Monde, 25 mars 2020) que, « à long terme, cette crise [serait] une catastrophe pour le climat » si tout repartait comme avant ou s’aggravait. Il en appelait à transformer maintenant, sur la base du système en place, pour construire un futur plus durable que celui qui se profilait. Si les cartes de la NASA montraient la chute spectaculaire des taux de dioxyde d’azote correspondant au calendrier des mesures de restriction d’activités dues à la pandémie, la faiblesse de la mobilisation des dirigeants et des entreprises pour faire face au ralentissement de l’économie mondiale faisait bondir Bruno Latour. Il cherchait alors à rassembler plus qu’à diviser, il parlait prospérité et (inter)dépendance plutôt que décroissance et défiance, voyant dans le réflexe de survivalisme le « désir panique de revenir aux anciennes protections de l’Etat national » [dans Où atterrir ?Comment s’orienter en politique, La Découverte, 2017], quitte à éliminer « l’Autre ». C’est cet héritage chargé d’espoir que nous souhaitons aujourd’hui faire vibrer, en associant nos compétences au-delà des clivages qui divisent. Bruno Latour est souvent décrit comme un philosophe de la pensée écologiste des plus influents à l’échelle mondiale. Une approche incluant le vivant et le non-vivant Passionné par le travail des scientifiques expérimentaux, il a ouvert des perspectives d’un apport inestimable pour les sciences sociales, trop largement déconnectées de la « nature », au-delà de sa dimension socialement construite. Il a favorisé le développement en France, en grande partie à Sciences Po, des humanités scientifiques, numériques, politiques et artistiques, environnementales à travers le médialab, le master d’expérimentation en arts politiques (SPEAP) ou encore le Centre des politiques de la Terre, une initiative interdisciplinaire de l’université Paris Cité, de l’Institut de physique du globe de Paris et de Sciences Po.Pourtant, certains courants en sciences sociales ont tendance à critiquer l’approche latourienne parce qu’elle ne reconnaît pas la société en tant que telle, ni dans sa dimension sociale, ni dans sa dimension politique, mais qu’elle l’élargit aux relations, aux articulations, aux réseaux en y incluant le non-humain, les vivants comme les non-vivants. Les sciences sociales dites constructivistes, en particulier la sociologie politique et la sociologie des sciences de filiation européenne, mettent l’accent sur la construction sociale à travers l’analyse des groupes sociaux et des relations de pouvoir entre eux. La pensée de Latour fait quant à elle une place aux relations, aux interactions, en travaillant sur les réseaux plutôt que sur les groupes et en faisant entrer les non-humains dans l’analyse des systèmes. Il y a urgence à repositionner les sciences sociales Latour nous rappelle que la pensée dissociative ne tient plus dans le monde actuel et que l’heure est venue de travailler ensemble plutôt que contre, en combinant les approches des sciences sociales et en les couplant avec les sciences de la nature. L’enjeu est de se donner les moyens d’appréhender la complexité, la multiplicité des interactions, mais aussi les incertitudes, les chocs, les crises et les changements de long terme.Dans ce contexte, un repositionnement des sciences sociales, en particulier de celles qui sont consacrées à l’étude des savoirs et des pouvoirs dans le « gouvernement de la nature », est nécessaire et urgent. Il s’agit de repenser le sens de la pensée et de l’action socio-écologiques, au-delà des clivages épistémologiques et des postures idéologiques, en incluant l’humain dans l'écologique. Bruno Latour nous invite à penser la transformation, loin d’une écologie nourrie d’une vision apocalyptique, sacralisante et idéologique. Contre la décroissance, qu’il voyait comme trop peu mobilisatrice, il mobilisait la notion de prospérité, fondée sur une redéfinition des besoins, plus rassembleuse à ses yeux pour accélérer la transformation. Réinventer les formes de « gouvernement de la nature » La question du sens de l’histoire et de l’habitabilité de la planète était pour lui fondamentale, et l’actualité lui donne chaque jour raison. Il identifiait, à juste titre, les relations, les interactions et les interdépendances comme nécessaires au maintien des systèmes complexes et, in fine, à la durabilité, ou résilience, du système Terre. La notion de territoire, de « sol », occupait ainsi une place centrale dans son dispositif, élaboré à l’interface entre la science, le politique et l’art. Au-delà de la critique, les sciences sociales du politique devraient y voir un terreau fertile pour un rapprochement entre courants sociologiques (constructiviste et interactionniste), mais aussi entre sciences humaines et sociales et sciences de la nature.Ce que Bruno Latour nous dit avec conviction et ferveur, comme d’autres avant lui et plusieurs de ses contemporains, c’est que, du point de vue philosophique et anthropologique, le « grand partage » entre nature et culture, ce clivage socialement construit, doit être dépassé et repensé politiquement afin que soient réinventées les formes de « gouvernement de la nature ». Bruno Latour pose avec force la question de la transformation, faisant émerger sur la scène publique les limites et dangers des dichotomies qui, historiquement et dans la période actuelle, continuent d’orienter l’action publique. Jérôme Gaillardet (professeur de sciences de la Terre à l’Institut de physique du Globe de Paris) Camille Mazé (chargée de recherche en science politique au CNRS au laboratoire Littoral Environnement Sociétés (Lienss, CNRS/La Rochelle Université) Olivier Ragueneau (biogéochimiste marin, directeur de recherche au CNRS au laboratoire des Sciences de l’environnement marin (Lemar, UBO/CNRS/IRD/Ifremer)

  • L’éloge de Philippe Descola à Bruno Latour

    « Ta pensée audacieuse est devenue la pensée du temps présent » TRIBUNE Philippe Descola Anthropologue Lors de l’enterrement du philosophe, l’anthropologue s’est adressé à un ami dont la « philosophie diplomatique » permet de mieux habiter la Terre à l’heure du « nouveau régime climatique ». Le 03 novembre 2022 ©️Le Monde Très cher Bruno. Le moment est venu, tant redouté, d’apprendre à vivre sans toi. Pour ta famille de naissance, d’abord, et pour celle que tu as formée en épousant Chantal, qui devront raccommoder jour après jour les fils décousus d’une présence interrompue, d’un amour dont le support physique s’est absenté. Pour la foule de tes amis, tous désemparés de ne plus pouvoir reprendre le cours de la conversation avec toi là où il s’était interrompu, se souvenant sans doute avec netteté de tes derniers mots, du dernier état de la résonance entre eux et toi.Chacun d’entre nous conserve une raison particulière de t’aimer, des images de toi qui se détachent d’autres, des paroles proférées ou écrites qui vibrent encore comme autant d’attaches parce qu’elles sont devenues un peu de toi qui survis en nous. Comment faire coïncider ce flux d’affects, de concepts, de gestes, diffracté dans tous ceux qui t’ont connu, afin qu’il forme un ensemble rendant justice à ce que tu étais pour nous tous ? Les Achuar de la haute Amazonie dont nous avons souvent parlé ensemble ont inventé un traitement des morts, choquant à première vue, mais qui pourrait offrir une piste pour cette entreprise de conciliation des multiples traces que tu as déposées en nous. Dans la mémoire d’un défunt, ils dissocient brutalement les souvenirs de la personne aimée, le tissu des émotions et des moments partagés, de la remémoration de ses accomplissements comme un actant particulièrement estimé par une parentèle et dont les actions obligent ceux qui lui survivent. Les premiers, les souvenirs personnels, doivent être bannis de la mémoire, de peur que le défunt vous entraîne tout de go au pays des morts, tandis que les seconds sont volontiers évoqués afin que l’armature des relations sociales ne se désagrège pas. Loin de moi, cher Bruno, l’idée de transposer directement une façon si pathétique de traiter la mémoire des morts. Il me semble seulement que cette dissociation entre les souvenirs de ta personne, qui prennent pour chacun d’entre nous une allure différente dans notre for intérieur, et les souvenirs de ce que tu nous as légué dans ta vie de penseur pourrait me permettre de parler de toi sans avoir l’impression de contraindre à endosser mes mots le cortège de ceux qui t’accompagnent aujourd’hui. Tu as commencé comme un philosophe, Bruno, et, de fait, tu es demeuré philosophe toute ta vie, récoltant au fil du temps des qualificatifs de circonstance – sociologue, anthropologue, historien des sciences, voire, horresco referens, épistémologue – qui ne faisait que définir de façon conjoncturelle un élément parmi d’autres de la palette de tes zones d’intérêt et de tes champs d’investigation. « C’est tellement beau la philosophie », disais-tu encore dans un entretien récent ; non parce qu’elle mène à des vérités éternelles inatteignables, non parce qu’elle fournit un idiome dégagé des contingences permettant de légiférer sur tout, mais parce qu’elle est un puissant antidote contre ce que tu appelais les erreurs de catégorie, qu’elle permet de penser la diversité de l’être de façon à la fois empirique et diplomatique. Empirique, en montrant, comme tu n’as cessé de le faire, que les pratiques, les énoncés, les modes d’existence ne sont pas définissables en soi, mais dépendent dans leur constitution intime des modes de leur construction. Et ces modes de construction, il faut aller les chercher sur le terrain : dans les laboratoires de biologie, dans les bureaux d’études où l’on planifie des systèmes de transport, dans les salles d’audience du Conseil d’Etat, dans les réseaux techniques qui parcourent le sous-sol de Paris. Pour que les sciences et le droit se prononcent, pour que les techniques soient efficaces, pour que des marchandises soient produites et circulent, il faut un immense appareillage dans lequel humains et non-humains sont inextricablement combinés et remplissent des rôles complémentaires. Bref, tu as destitué la réalité de sa position transcendantale, en examinant toutes les médiations ventriloques nécessaires à son avènement.On comprend dès lors le mouvement d’horreur qui accueillit ces propositions, chez tous ceux qui vivaient dans l’illusion qu’ils faisaient de la science pure, que les faits parlaient d’eux-mêmes. Car voilà qu’un philosophe indiscret abandonnait la clairière de l’être et les disquisitions logiques sur les conditions de l’établissement de la vérité pour rendre visible, derrière la robuste matérialité des boîtes de Petri et des interféromètres, les mécanismes de toutes sortes qui permettent de capturer les phénomènes du monde physique, d’en opérer le tri et de leur donner une expression autorisée. Combien de fois ai-je dû expliquer, malheureusement sans succès, à des savants par ailleurs respectables pourquoi l’on pouvait dire que Pasteur n’a pas découvert la maladie du charbon ou que Ramsès II, à proprement parler, n’est pas mort de la tuberculose. Trente ans de discussions Une philosophie diplomatique aussi, ai-je dit, ce qui ne signifie pas prudente ou ampoulée ; c’est une philosophie qui se donne les moyens de comprendre les cohabitations en donnant à chaque mode d’existence le champ de phénomène qui lui revient sans empiéter sur celui des autres, façon d’éviter la confusion qu’un grand amour de la diversité pourrait entraîner. Les êtres sont enchevêtrés, certes, mais les conditions de leur construction ne doivent pas être confondues. Et c’est à ce moment-là que la méthode Latour – suivre, décrire et expliciter partout les attachements entre des phénomènes disparates afin de s’assurer qu’ils sont bien faits – a rencontré le plus vaste des enchevêtrements, celui du « nouveau régime climatique » ; c’est là qu’une pensée audacieuse et en apparence paradoxale, qui séduisait les plus brillants des jeunes chercheurs en sociologie des sciences, est devenue la pensée du temps présent, celle qui a fait prendre conscience à la foule de tes lecteurs dans le monde entier que la modernité s’était établie dans un nuage, hors-sol, en prétendant séparer les humains des non-humains, la nature et la société. C’est là aussi que nous nous sommes rencontrés. Toi, parti du cœur de la modernité dont tu montrais qu’elle était fondée sur une illusion puisque le grand partage entre nature et société affirmé bien haut n’était pas respecté dans les faits par les praticiens des sciences qui ne cessaient de mélanger les deux registres ; et moi, habitué par vocation à fréquenter des gens demeurés en lisière du front de modernisation, qui avais eu le bonheur d’observer des mondes mêlant de façon indémêlable personnes humaines et personnes autres qu’humaines, pratiques religieuses et pratiques économiques, opérations techniques et opérations politiques. Cela fait trente ans que nous discutons du télescopage de ces deux points de vue.C’est à ce moment aussi que tu entreprends un compagnonnage intellectuel avec James Lovelock et que, à la surprise de certains d’entre nous, tu fais surgir Gaïa d’un paganisme suranné pour la reconfigurer entièrement sous les allures d’une Terre soudainement redécouverte dans la mince pellicule de ses attachements. Tu deviens « le penseur de l’écologie » comme le disent les gazettes. Il est vrai que c’est un champ politique où l’on ne pensait pas beaucoup, dans sa variante institutionnelle en tout cas. Mais ta pensée désoriente, Bruno, et c’est son but. Comment mobiliser Gaïa dans la gentillette transition écologique ? Que faire de la conscience cosmopolitique des Terrestres dans les politiques de réduction de la consommation d’énergie ? Comment concilier ton entreprise de reprendre les cahiers de doléances décrivant ce qui compte pour chaque habitant d’un lieu, ce à quoi il ou elle tient vraiment, avec le plan mobilité ou avec toutes ces façons de nous propulser dans un monde qui reste désespérément moderne. Je te vois souvent, Bruno, comme dans ces fresques allégoriques néoclassiques qui ornent les murs des grands établissements d’enseignement supérieur, courant loin devant dans un environnement agreste, entouré de jeunes gens enthousiastes que tu entraînes dans ton sillage, tandis que le bloc attardé des Modernes te regarde de loin, perplexe et grommelant. Quelle charge tu nous as laissée, Bruno ! Quelle responsabilité ! Faire vivre après toi ta pensée, continuer le travail d’irréduction, faire buissonner ce qui était plat et déconnecté, aimer le monde pour ce qu’il est, non pas l’univers infini de Galilée, plutôt la luxuriance des interactions qui le rend vivable pour nous. C’est peu dire que tu vas nous manquer dans ces tâches. Mais nous aurons à cœur de te rester fidèles. Philippe Descola, anthropologue et professeur émérite au Collège de France. Il vient de publier Ethnographies des mondes à venir (Seuil, 176 pages, 19 euros). Philippe Descola (Anthropologue)

  • Les multiples facettes et les éclairages originaux dans l'œuvre de Bruno Latour

    Franck Cochoy, Professeur de sociologie,  Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires, Centre d’Études des Rationalités et des Savoirs (UMR 5193) de l’Université Toulouse II Vendredi 3 février 2023 19h00 Salle du Sénéchal 17, rue de Rémusat 31000 -  Toulouse La disparition en octobre dernier de Bruno Latour, sociologue, anthropologue, théologien et philosophe des sciences, est l'occasion de souligner et de mettre en lumière son œuvre traversée d'apports fondamentaux. La conférence se propose de souligner la triple contribution de Bruno Latour : il a élargi la notion de société en prenant en compte les non-humains ; il a montré comment la morale pouvait se loger dans la technique ; il a renouvelé autour des questions environnementales l'appréhension du politiques.

  • Big Data et Santé : danger ou progrès ?

    Dans le domaine de la santé, le big data correspond à l'ensemble des données socio-démographiques et biomédicales disponibles, collectées auprès de différentes sources. A petite comme à grande échelle, l'exploitation de ces données présente des avantages considérables : aide au diagnostic, au choix des traitements, pharmacovigilance, épidémiologie... Mais en santé comme dans bien d'autres domaines, les progrès technologiques s'accompagnent de nombreux défis techniques et humains, et posent autant de questions éthiques. Intervenants - Pierre-Antoine Gourraud, enseignant-chercheur de l'Université de Nantes et de l'université de Californie à San Francisco. Il dirige l'équipe Inserm ATIP-Avenir "Immunogénomique translationelle de l'auto-immunité et de la transplantation" du CRTI UMR 1064. - Guillaume Durand, maître de conférences en philosophie à l'Université de Nantes, chercheur au CAPHI (EA 2163). - Stéphane Tirard, enseignant-chercheur à l'Université de Nantes en épistémologie et histoire des sciences de la vie et de la médecine. - Aurore Armand, médecin urgentiste aux CHU d'Angers. Co responsable du Comité d'éthique au CHU d'Angers et membre de l'Espace Régional Ethique des Pays de Loire (EREPL). - Sonia Desmoulin-Canselier, docteur en droit et chercheuse au CNRS, rattachée à l'UMR Droit et Changement Social de l'Université de Nantes.

  • Données personnelles de Santé Pierre-Antoine Gourraud jeudi 19 janvier 2023 19h00 salle du Sénéchal

    « Données personnelles de Santé : du risque de prise en otage informatique à la mise en circulation des données pour la médecine de précision » Pierre-Antoine Gourraud Professeur des Universités & Praticien-Hospitalier of the School of Medicine of the Nantes University in France, formerly at UCSF Jeudi 19 Janvier 2023 19h00 Salle du Sénéchal 17 rue de Rémusat 31000 Toulouse Les données de santé sont parmi les données personnelles les plus sensibles. Nos moyens techniques modernes démultiplient les possibilités d’échanges pour le soin et pour tout autre application qui nous permettent peut-être d’imaginer le futur de la médecine. Parallèlement, le déploiement des entrepôts de données de santé et celui de la plateforme française des données de santé, le « Health Data Hub » pose des questions inédites, notamment des questions de souveraineté opérationnelle et technologique. La possible création d’un espace européen des données de santé en posera d’autres. Ces données personnelles de santé sont souvent maladroitement assimilées à des biens matériels et leur valeur à celle de transactions de nature commerciale. Pourtant, les données de santé sont a minima le fruit d’une coproduction entre patients, soignants et "data scientists", il nous faut sans doute nous inspirer des objets culturels, en musique ou cinéma, pour mieux penser la création de valeur dans les données.

  • Annulation Conférence AssoSciences Franck Cochoy 14 décembre salle Osète

    Cher Tous Chère Toutes La décision a été prise d'annuler la conférence AssoSciences de Franck Cochoy prévue le 14 décembre prochain salle Osète Elle se trouve en concurrence avec la demi finale du mondial et la sortie mondiale…elle aussi…de Avatar 2 Elle sera programmée à nouveau début février dans la salle du Sénéchal Les dates proposées pour la salle sont les 3, 8, 9 et 16 février Nous vous tiendrons au courant quant à la disponibilité du conférencier et de la date véritable Veuillez nous excuser pour cet impondérable

  • Conférence projection/débat Dominique Regueme 16 novembre 2022 Salle du Sénéchal 19h00

    BIG BANG, L'APPEL DES ORIGINES Un documentaire écrit et réalisé par Dominique Regueme 52 minutes • France • 2021 À travers l’astronomie, ce documentaire nous emmène à la découverte de nos racines les plus lointaines, et nous rappelle le lien intime qui existe entre le passé de l’univers et notre propre existence. Synopsis Que nous révèle la science sur nos origines ? Comment les chercheurs peuvent-ils répondre aujourd’hui à ces interrogations ancestrales : qui sommes-nous, et d’où venons-nous ? Un film entre science et philosophie, entre intime et universel. INTERVENANTS Par ordre d'apparition dans le film Sylvie Vauclair : Astrophysicienne Yaël Nazé : Astrophysicienne Christophe Galfard : Physicien et écrivain Aurélien Barrau : Astrophysicien Jean-Pierre Luminet : Astrophysicien Etienne Klein : Physicien et philosophe des sciences Découvrir la bande annonce, et plus d'infos sur le film Ecriture, réalisation et montage : Dominique Regueme Image : Xavier-Emannuel Lesage Son : Ulysse Heurtefeux et Adrien Fontaine Etalonnage : François Engrand Mixage : Laurent Rodier Production : Les Films du Hublot, avec le soutien de Pictanovo, de la Région Hauts-de-France et de la Ville de Lille Un documentaire écrit et réalisé par Dominique Regueme 52 minutes • France • 2021 Les Films du Hublot - Association de production de films - © 2022

  • France Inter // Semaine spéciale sur les origines "La Terre au carré" du 31/10 au 04/10 2022

    Le temps d’une semaine, Mathieu Vidard propose aux auditeurs dans « La terre au carré » une balade à travers le temps et l’univers en compagnie de nombreux invités. Au programme : naissance des planètes, apparition de la vie sur terre, les espèces humaines, etc. Semaine spéciale sur les origines : ■ Lundi 31 octobre Les origines de l’univers Etienne Klein, physicien et philosophe Sylvie Vauclair, astrophysicienne à l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie et professeur émérite à l'Université de Toulouse Eric Lagadec, astrophysicien à l'Observatoire de la Côte d'Azur. Président de la Société Française d'Astronomie et d'Astrophysique https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-lundi-31-octobre-2022-4409834 ■ Mardi 1er novembre Les origines de la vie Anne Nedelec, agrégée de sciences naturelles et professeure de sciences de la Terre à l’Université de Toulouse, pour La Terre et la vie, Odile Jacob Bénédicte Menez, professeure des universités en sciences de la Terre à l'Institut de physique du globe de Paris Marie-Christine Maurel, professeure de Biologie cellulaire et moléculaire à Sorbonne Université et au MNHN https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-mardi-01-novembre-2022-1742362 ■ Mercredi 2 novembre Les origines de l’Humanité Antoine Balzeau, paléoanthropologue au Muséum national d'histoire naturelle Jean-Jacques Hublin, paléoanthropologue, titulaire de la chaire Paléoanthropologie au Collège de France Brigitte Senut, paléontologue au Muséum National d’Histoire Naturelle, spécialiste du Miocène https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-mercredi-02-novembre-2022-9937030 ■ Jeudi 3 novembre Les origines du Néolithique Jean-Paul Demoule, professeur de protohistoire européenne à l'université de Paris I Panthéon Sorbonne et membre de l'Institut Universitaire de France. Anne Lehoërff, archéométallurgiste et spécialiste de Protohistoire européenne Anne Augereau, protohistorienne, spécialiste du Néolithique https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-jeudi-03-novembre-2022-9927139 ■ Vendredi 4 novembre Les origines de l’Anthropocène Catherine Larrère, philosophe, professeure émérite à l'université de Paris I-Panthéon-Sorbonne, spécialiste des questions éthiques et politiques liées à la crise environnementale Christophe Bonneuil, historien des sciences et enseignant français, actuellement directeur de recherche au CNRS et enseignant à l'EHESS Michel Lussault, géographe, professeur à l'ENS de Lyon, directeur de l'Ecole urbaine de Lyon https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-vendredi-04-novembre-2022-9583771

  • Thomas Pesquet : "Dans l'espace, on a le regard attiré par ce qui ne se passe pas si bien que ça"

    Thomas Pesquet, astronaute de l’Agence spatiale européenne (ESA), ancien commandant de la Station spatiale internationale, auteur de La Terre entre nos mains (Flammarion), est l'invité du Grand entretien de France Inter. Thomas Pesquet, astronaute de l’Agence spatiale européenne (ESA), ancien commandant de la Station spatiale internationale, a passé 200 jours dans l'espace l'an dernier. Près d'un an après son retour sur Terre, il publie ce mercredi le livre de photos La Terre entre nos mains (Flammarion), dont les droits seront reversés aux Restos du cœur. Dans cet ouvrage, on admire les photos de la terre, mais on constate également les traces du dégèlement climatique. Des photos de "la beauté" de la Terre et de "sa fragilité" Thomas Pesquet a pris 245.000 photos lorsqu'il était dans l'espace. "La photo ne fait pas partie du programme de la mission, on le fait le soir, le week-end, le dimanche. Beaucoup de photos étaient prises en mode automatique. C'était à peu près mon seul loisir", explique l'astronaute. Il a fait la majorité du tri à bord, avant de retourner dans cette base de donnée pour publier ce livre de photos. Quelles photos l'ont le plus marqué ? "Il y en a plusieurs, aussi bien du côté de la beauté de la Terre que de sa fragilité. C'est un peu l'aller-retour permanent dans ce livre-là, ce qu'on a voulu faire." Il se souvient notamment des "aurores boréales",qu'il n'avait pas pu voir pendant sa première mission. Il y a cette beauté, mais également "la finitude". "Là, "c'est vraiment le choc de la mission spatiale, le recul de se mettre dans l'espace permet de se rendre compte qu'on a un bout de la Terre à gauche, l'autre à droite, que tout ce qu'on a se trouve ici, on a la chance d'avoir cet environnement très propice à la vie humaine", détaille Thomas Pesquet. "On réalise que c'est fini, qu'on a toutes les ressources à bord du navire, que la Terre est un grand navire et qu'il faut s'en occuper". Avec, au fil des photos et de la mission, "une certaines inquiétude". "Au début, vraiment, le cheminement c'est de se dire 'la Terre c'est magnifique' avec les couleurs, les formes, puis de plus en plus on a le regard attiré par les endroits où on voit que ça ne se passe peut-être pas si bien que ça." "De voir la pollution marine, la déforestation, la fonte des glaciers", c'est également ce qu'il a voulu capturer et transmettre à travers ce livre. Témoin des immenses incendies aux Etats-Unis Dans ce livre, on voit notamment une photo sur un double page, au dessus des Etats-Unis, avec en légende "Parc national en proie aux flammes, été 2021". On y voit le Parc national de Sequoia en proie aux flammes, et Thomas Pesquet raconte*, "pour la première fois je vois des flammes"*. "Malheureusement, je pensais que ça allait être une exception, mais il se trouve qu'apparemment tous les été, le scénario se répète", déplore l'astronaute. "Là, c'était des feux d'une ampleur incroyable. On a vu la Californie entière recouverte d'un nuage de fumée." Dans le livre, d'autres photos témoignent, elles, des incendies qui ont ravagé certaines régions des pays européens. "On a tous assistés à ça avec inquiétude, parfois on avait des proches, comme la famille de Megan, ma collègue américaine, qui avait de la famille en Californie". "Nous, ce qu'on peut faire, c'est d'en témoigner", poursuit Thomas Pesquet qui rappelle le rôle de la station spatiale, qui peut aider les secours sur place pendant une crise, comme un incendie, en envoyant ses photos. Interrogé sur les fausses informations qui peuvent circuler, affirmant par exemple que l'Homme n'est jamais allé sur la Lune (une vidéo de son interview avait notamment été détournée), Thomas Pesquet réagit : "Je ne suis pas certain que le discours scientifique soit plus remis en cause, mais ce qui est certain c'est qu'on en entend beaucoup plus parler (...) il faut s'en occuper, on a une responsabilité." "C'est à nous de faire le travail, d'expliquer aux gens, de faire de la pédagogie. Il faut s'adresser aux plus jeunes pour leur donner les armes, pour qu'ils reconnaissent une information visiblement fausse sur Internet d'une information qui a l'air plus étayée", ajoute-t-il, précisant que "c'est un petit peu mon combat aussi". Enfin, à propos de la station spatiale chinoise, Thomas Pesquet assure qu'il y a "une démarche géopolitique des Chinois, ils veulent montrer au monde qu'il savent faire. Et ils y arrivent très très bien, c'est impressionnant ce qu'ils font dans l'espace". Quelle suite pour lui et les autres astronautes français  ? Marcheront ils un jour sur la Lune ou sur Mars ? 'Oui, on fait plus que l'espérer, on y travaille tous les jours."

  • Entretien avec Bruno Latour ©ArteTV 2021

    À l'automne 2021, le philosophe et sociologue des sciences Bruno Latour déroulait face à Nicolas Truong ses réflexions sur le nouveau monde qui s'impose avec le changement climatique et précisait les grands éléments de sa pensée. Il nous a quittés le 9 octobre 2022. ARTE vous présente une série inédite de 11 entretiens du sociologue et philosophe Bruno Latour menés par le journaliste du Monde Nicolas Truong. Sociologue et anthropologue des sciences et des techniques, professeur émérite associé au Médialab et à l’Ecole des arts politiques de Science Po, Bruno Latour est l’un des philosophes français les plus lu, écouté et traduit dans plus de vingt langues. Son oeuvre a été distinguée par les prix les plus prestigieux en Europe, Amérique et Asie. Il est considéré par le New York Times comme le plus célèbre et le plus incompris des philosophes français. En exclusivité pour ARTE, il a demandé en octobre 2021 à Nicolas Truong, grand reporter au Monde, spécialiste de la vie des idées, de revisiter ses 50 années de recherche. Étalés sur quatre matinées, ces entretiens étaient destinés à compléter sous une autre forme, audiovisuelle cette fois, l’ensemble de son œuvre si singulière et marquante. Avec une grande finesse et non sans humour, Bruno Latour reprend et poursuit face à la caméra les éléments les plus importants de sa pensée. Disponible jusqu'au 23/12/2024 #BrunoLatour#hommage#philosophie Abonnez-vous à la chaîne ARTE / @arte Suivez-nous sur les réseaux ! Facebook : http://www.facebook.com/artetv Twitter : http://www.twitter.com/artefr Instagram : https://www.instagram.com/artefr

  • Science ouverte : qu'est-ce que c'est et où en est-on ?

    Anne CAMBON-THOMSEN Conférence mercredi 19 octobre 2022 19h00 Salle du Sénéchal 17 rue de Rémusat 31000 Toulouse Directrice de recherche émérite au CNRS, au CERPOP, (Centre d'épidémiologie et de recherche en santé des populations), UMR 1295, Inserm, Université de Toulouse, Université Toulouse III - Paul Sabatier Fondatrice de la plateforme sociétale genotoul et Ambassadrice de l'Alliance pour les données de la recherche (RDA, Research data alliance) On définit la science ouverte comme la diffusion sans entrave des résultats, des méthodes et des produits de la recherche scientifique, comme le rappelle le Ministère de l’enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation. La France a depuis 2018 un plan national pour sa mise en œuvre (1) et l’UNESCO a en 2021 publié une recommandation dans ce domaine (2). « La science ouverte s'appuie sur l'opportunité que représente la mutation numérique pour développer l'accès ouvert aux publications et aux données, aux codes sources et aux méthodes de la recherche… Elle construit un écosystème dans lequel la science est plus transparente, plus solidement étayée et reproductible, plus efficace et cumulative. Elle induit une démocratisation de l'accès aux savoirs, utile à l'enseignement, à la formation, à l'économie, aux politiques publiques, aux citoyens et à la société dans son ensemble. Elle constitue enfin un levier pour l'intégrité scientifique et favorise la confiance des citoyens dans la science. » (1). Des initiatives locales se développent en ce sens. C’est aussi une des priorités de la Commission européenne (3) et de larges consortia européens (4) et internationaux en font le cœur de leurs activités comme c’est par exemple le cas de l’Allliance pour les données de la recherche (5). C’est donc un domaine essentiel pour la diffusion des connaissances et des résultats de la recherche, non seulement entre scientifiques, mais aussi vis-à-vis du public, ce qui est au cœur des missions de notre association « AssoSciences ». Cette conférence présentera un historique des grandes étapes de la science ouverte, ses enjeux, ses écueils, ses différentes facettes et certains de ses outils, au travers d’exemples. Ref : Plan national pour la science ouverte, https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/le-plan-national-pour-la-science-ouverte-2021-2024-vers-une-generalisation-de-la-science-ouverte-en-48525 Recommandation de l’UNESCO sur une science ouverte, 2021 https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000379949_fre https://research-and-innovation.ec.europa.eu/strategy/strategy-2020-2024/our-digital-future/open-science_en https://eosc.eu/ https://www.rd-alliance.org/

  • La première image du télescope spatial James-Webb dévoilée

    Présenté à la Maison Blanche par le président américain, Joe Biden, ce premier cliché illustre les performances du successeur du télescope Hubble, qui, en traquant la lumière infrarouge, pourra notamment observer les premiers temps de l’Univers. Par David Larousserie Le Monde 12 juillet 2022 Le rideau se lève enfin sur le ciel vu par le télescope spatial James-Webb. Après plus de vingt-cinq ans d’attente, des reports multiples et des dérapages budgétaires, les terriens disposent de ce nouvel œil perçant pour scruter le cosmos. Lundi 11 juillet, la paupière a été soulevée par le président américain Joe Biden lui-même, dévoilant la première image du JWST (son acronyme anglais), construit par la NASA, l’Agence spatiale européenne (ESA) et leur homologue canadien (ASC). De nouveaux clichés seront dévoilés mardi 12 juillet après-midi. La première image de l’amas de galaxies SMACS 0723, produite le 11 juillet 2022 par le télescope spatial James-Webb de la NASA, la plus profonde et la plus nette de l’Univers lointain à ce jour. SPACE TELESCOPE SCIENCE INSTITUT / NASA / ESA / CSA / STSCI / WEBB ERO PRODUCTION TEAM « Un jour historique », a salué Joe Biden en applaudissant l’arrivée de l’image sur un écran. Cette première image est un feu d’artifice de taches lumineuses plus ou moins larges, plus ou moins brillantes et aux couleurs variées, avec parfois de fins arcs brillants striant le ciel noir. Ces dizaines, voire centaines d’éclats sont autant de galaxies peuplant l’Univers. Du jamais-vu dans un espace carré aussi petit, équivalent à la taille d’un grain de sable au bout du bras. Si une légère impression de flou peut surprendre, ce cliché témoigne du succès du télescope au miroir géant de 6,5 mètres de diamètre, lancé à Noël 2021, désormais posté à 1,5 million de kilomètres de la Terre et pleinement opérationnel. « Des collègues m’ont avoué avoir eu les larmes aux yeux en voyant cette première image. » Johan Richard, astronome L’instrument confirme en effet qu’il est bien une formidable machine à remonter le temps. Jusqu’aux origines du Big Bang, traquant une lumière tremblante qui a mis plus de 13 milliards d’années à nous parvenir. « C’est le premier objectif du télescope, sonder l’aube des temps, l’origine des étoiles et des galaxies quelques dizaines de millions d’années après le Big Bang », résume David Elbaz, chercheur au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). « C’est fantastique ! C’est vraiment très très riche. Des collègues m’ont avoué avoir eu les larmes aux yeux en voyant cette première image », témoigne Johan Richard, astronome au Centre de recherche astrophysique de l’Observatoire de Lyon, ravi de ce premier choix symbolique. « C’est du plaisir de voir ces premières images, et maintenant nous pouvons commencer de rêver », salue Nicole Nesvadba, directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), à l’Observatoire de la Côte d’Azur. « Le niveau de détail est époustouflant. On va vraiment voir l’Univers différemment. J’attends avec impatience les autres images », confie Olivier Berné, chercheur CNRS à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie de Toulouse. Photographie du champ profond de l’Univers Techniquement, il s’agit de la photographie du champ profond de l’Univers, qui contient la trace de sources très brillantes au premier plan et, en arrière-plan, à peine visibles, des sources témoin des premiers temps de l’Univers. Détail qui a son importance, la photo illustre aussi un effet de relativité générale décrite par Albert Einstein, la lentille gravitationnelle. De quoi s’agit-il ? De profiter d’un amas de galaxies, baptisé SMACS 0723, dans le champ de visée, à 4,6 milliards d’années-lumière de la Terre, et qui par sa masse énorme courbe localement l’espace-temps au point d’agir comme une lentille sur la lumière provenant de galaxies derrière lui, tapies au fin fond de l’Univers. Elles apparaissent sous forme d’images multiples, voire d’arcs lumineux. Ce qu’il aurait été impossible de voir directement, est ici amplifié et devient perceptible. « C’est comme un deuxième télescope ! », apprécie Johan Richard. L’image rappelle celles prises par l’un des prédécesseurs du JWST, Hubble, lancé en 1990, qui avec un miroir de 2,4 mètres a aussi montré des champs profonds en 1995 et 2004 notamment. « Il fallait cinquante heures à Hubble pour faire un champ profond, quand JWST le fait en une heure. On pourrait remonter à seulement deux à trois cents millions d’années après le Big Bang, le moment-clé de la naissance des premières galaxies », rappelle Johan Richard. « Hubble ne pouvait pas distinguer un éléphant d’un écureuil. JWST lui pourra dire à quel genre de galaxie on a affaire », métaphorise David Elbaz. En outre, si Hubble était aussi une formidable machine à remonter le temps, le JWST a d’autres atouts : c’est également un perce-muraille. Il voit en effet des galaxies invisibles aux yeux de Hubble, car il est doté d’une sensibilité doublement adaptée à cette tâche. Il voit rouge, ou plutôt infrarouge, une longueur d’onde invisible à nos yeux. Dans notre Univers en expansion, les galaxies s’éloignent de la Terre et du télescope, et tel le son d’une sirène de pompier devenant plus grave avec la distance, les longueurs d’onde émises par une source « grandissent » et tirent vers l’infrarouge. JWST verra donc plus loin. En outre, ces infrarouges traversent les poussières interstellaires, qui parfois masquent totalement les galaxies en leur sein. Deux nébuleuses, une exoplanète et un groupe de galaxies Ce super-pouvoir a été mis à profit pour observer quatre autres régions et objets célestes présentés mardi 12 juillet : deux nébuleuses, une exoplanète et un groupe de galaxies en train de se percuter. Les images les plus belles seront sans doute celles de la nébuleuse de la Carène, la plus grande de notre galaxie, à 7 600 années-lumière de la Terre, et celles de l’anneau austral, dans l’hémisphère Sud à 2 000 années-lumière. La première est une pouponnière d’étoiles, une région de naissance de futurs astres, dont le JWST devrait révéler toute la richesse, par un plus grand nombre de points lumineux présents et jusqu’alors cachés par des poussières, mais aussi par des couleurs variées, associées à l’émission lumineuse spécifique d’atomes comme le souffre, l’hydrogène ou l’oxygène. La seconde, qui évoque un œil grand ouvert, est faite d’une enveloppe de gaz en expansion éjecté par l’explosion d’une étoile en fin de vie. Ces images révéleront que le JWST est aussi un petit chimiste très doué. « Elles donnent la morphologie des objets, mais leur vraie richesse est dans les petits “tiroirs” que chaque pixel contient », précise Nicole Nesvadba. Dans ces « tiroirs », il y a des spectres, c’est-à-dire les enregistrements des différentes longueurs d’onde composant la lumière reçue depuis cet endroit du ciel. Cela permet d’identifier précisément les éléments chimiques à l’origine de l’émission de cette lumière, et donc de discerner un type d’étoiles donné, de repérer où elles se forment, comment les molécules circulent… « Les astrophysiciens seront plus éblouis par ces caractérisations que par les images elles-mêmes », estime David Elbaz. Autre cible, qui bénéficiera de ces talents, l’exoplanète WASP-96b. Cette géante gazeuse, distante de 1 150 années-lumière, incarne l’ambition la plus récente du JWST, qui n’était encore qu’un projet lorsque la première planète orbitant autour d’une étoile autre que le Soleil a été repérée en 1995. « Nous allons écrire le second chapitre de cette histoire. Le premier concernait la détection et la caractérisation des exoplanètes. Le nouveau va devoir analyser la composition chimique des atmosphères », souligne Pierre-Olivier Lagage, chercheur au CEA, coresponsable français d’un des quatre instruments du JWST. Il espère rapidement repérer dans ces atmosphères de l’eau, du méthane, de l’ammoniac, du monoxyde de carbone… voire des preuves de « vie ». Enfin, la dernière cible est une image arrêtée d’une danse macabre : la collision cataclysmique de quatre galaxies, en train de fusionner, dans la région dite du quintet de Stephan. « C’est sans doute la zone la plus turbulente de l’Univers que nous connaissons », estime David Elbaz. Elle montre aussi l’intérêt de la vision infrarouge. Là où Hubble n’avait montré que des gros objets se livrant à une chorégraphie fatale, un successeur spécialisé dans ses longueurs d’onde, le télescope Spitzer, entre 2003 et 2020, avait vu un nuage vert trahissant le passage d’une onde de choc, comprimant violemment les molécules d’hydrogène et les poussant à émettre ces rayons (faussement) verts. Là encore, les yeux perçants de JWST devraient rendre beaucoup plus nette cette zone et affiner sa description. A l’issue de toutes ces analyses, c’est l’histoire de l’Univers depuis les origines, jusqu’à notre système solaire, en passant par les mortelles et pourtant vitales explosions d’étoiles, qui sera révélée. « Dès le début, on voyait que les performances seraient au rendez-vous. C’était déjà très émouvant. Tout a mieux marché que prévu. Le décollage et la mise sur orbite qui nous feront gagner dix ans d’expérience. La stabilité de l’instrument, le réglage des 18 miroirs entre eux, et pour notre instrument, MIRI [Mid-Infrared Instrument], des images aussi bonnes qu’au labo, constate Pierre-Olivier Lagage. Tout est prêt pour la science » . David Larousserie

  • "Le télescope spatial James Webb ouvre une nouvelle fenêtre sur l'Univers"

    publié le 11/06/2022 La Dépêche du Midi Emmanuelle Rey Olivier Berné travaillera sur les observations de la nébuleuse d’Orion par le télescope spatial James Webb. DDM - Frédéric Charmeux Une vingtaine de chercheurs toulousains se préparent à travailler sur les premières données du télescope spatial James Webb lancé le 25 décembre 2021. Avec pour objectif de collecter les premières lueurs de l’Univers. L'astrophysicien toulousain Olivier Berné donne une conférence le jeudi 16 juin à Toulouse. Quelles nouvelles avez-vous du télescope spatial James Webb ? Il est bien en place, au point L2 de Lagrange, à 1,5 million de kilomètres de la Terre, au-delà de l’orbite de la Lune. D’après les retours de mes collègues américains et français impliqués, tout se passe très bien, même mieux que ce que nous espérions. L’image d’évaluation de l’alignement des miroirs du télescope est déjà remarquable. On y voit nettement une étoile et, derrière cette étoile, on perçoit déjà très bien toutes les galaxies de l’Univers lointain, à des milliards d’années-lumière de nous. Tout fonctionne très bien, les images sont d’une netteté à couper le souffle. Nos observations dans la nébuleuse d’Orion promettent d’être spectaculaires ! À quel moment vos observations vont-elles démarrer ? Les opérations scientifiques commenceront le 1er juillet, les premières images scientifiques seront rendues publiques le 12 juillet et la NASA garde bien le secret sur ce qu’elles contiendront. Pour nos recherches, le télescope James Webb pointera au mois de septembre vers la nébuleuse d’Orion, la pouponnière d’étoiles la plus proche de nous. Pour nous, tout sera concentré sur trois à quatre semaines d’observations, sans possibilité de recommencer. Près d’une trentaine d’articles scientifiques sont prévus. Cela représente plus de dix ans de travail pour un mois d’observations. Mais nous allons aussi travailler dès la mi-juillet, en collaboration avec les équipes de l’observatoire de Paris, sur des données d’observation de Jupiter et de Ganymède, un de ses satellites naturels. Cela nous permettra de tester les algorithmes que nous avons mis au point avec l’Institut de recherche en informatique de Toulouse (1). Pourquoi dites-vous que le télescope James Webb ouvre une nouvelle fenêtre sur l’Univers ? Parce qu’il s’agit du plus grand télescope jamais envoyé dans l’espace, avec un miroir de six mètres de diamètre. Un télescope, c’est un entonnoir à lumière et, plus il est grand, plus on peut voir loin et plus on regarde loin, plus on se plonge dans le passé. Nous avons la chance d’être dans un Univers dont la topologie reçoit les signaux des astres anciens. Le télescope James Webb va essayer de collecter les premières lumières de l’Univers parce qu’il permet de voir le détail des choses. Il va nous plonger dans des régions où les planètes sont en train de se former. Dans la nébuleuse d’Orion, nous allons regarder des étoiles âgées d’à peine quelques centaines de milliers d’années et c’est important parce que l’hypothèse de la communauté scientifique c’est que les planètes se forment très vite, en moins d’un million d’années. Cette formation rapide nous intéresse parce que c’est là que tout se passe : l’héritage du milieu interstellaire, la récupération des briques élémentaires. « Comprendre nos origines au moment où notre destin est incertain, ce n’est pas inutile » Qu’est-ce que ces observations peuvent nous apporter ? Il s’agit de comprendre nos origines, celles du Système solaire. Je pense qu’il n’est pas inutile de nous pencher sur la question de nos origines au moment où, sur Terre, notre destin est incertain. Pour décider où nous allons. Le télescope James Webb est vraiment un outil pour l’humanité. Conférence jeudi 16 juin à Toulouse AssoSciences Midi-Pyrénées propose une conférence le jeudi 16 juin sur le thème « Le télescope spatial James Webb : une nouvelle fenêtre sur l’Univers ». Elle sera animée par Olivier Berné, astrophysicien au CNRS, à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie de Toulouse (IRAP). Rendez-vous à 19 heures, salle du Sénéchal, 17 rue Rémusat à Toulouse. Entrée libre et gratuite. Infos complémentaires sur le site www.assosciences.net (1) Au niveau Toulousain, l’équipe qui travaille sur le programme « Early Release Science » est composée de scientifiques de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie de Toulouse (IRAP), de l’Institut de recherche en informatique de Toulouse (IRIT) et du Laboratoire de Chimie et Physiques Quantiques de Toulouse (LCPQ) avec le soutien du CNES, Centre national des études spatiales. Au niveau international, le projet est co-piloté avec l’IAS (Orsay) et l’université de London (Canada).

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